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 Un  yacht français réquisitionné, modifié et armé par la kriegsmarine ...

   
     
   

Vidéo du Guarani (aout 2012): signée Marc Langleur

 

"Expédition" GUARANI

                                                                            

                            [17/07/2010]

 

Le GUARANI du temps de sa splendeur... quand il était encore un luxueux voilier...

Construit en 1927 le Guarani était à l'origine un superbe yacht deux mâts français: 30m de long pour 6 de large, un moteur diesel de 100cv et 350m² de voilure. Il était luxueusement décoré et permettait à ses passagers d'effectuer de confortables croisières. Il changea plusieurs fois de propriétaire pour finir sous pavillon anglais.


Un brin d'histoire:

En janvier 1943 le bâtiment est saisi par la kriegsmarine. Il est alors mutilé: démâté, modifié et armé de deux plateformes de batterie anti-aérienne. Sa cabine est découpée et reculée.. il porte désormais le matricule FMa06. Il participe à diverses actions de guerre pour les allemands et sera torpillé par le sous-marin britannique HMS Unisersal en juin 1944. Une torpille l'atteint par la poupe et envoie l'ex-goëlette par 87m de fond.  


Un des deux "gardien des lieux"
Photo: Marc Langleur



La proue coté bâbord avec sa bitte d'amarrage
Photo: Marc Langleur


Exploration en fond de calles
Photo: Marc Langleur


Sous le faisceau du phare un sabord
Photo: Marc Langleur



17' au fond, 77' de remonté... quand on aime on ne compte pas!!!
Photo: Marc Langleur
Sources historiques: Le Grieme
Bulles de rêves: club FFESSM à Bedarides (84)

 
Nom épave Lieu Type GPS Profondeur max
GUARANI Marseille Yatch 5,4166 / 43,1833 87m
 
 

      

     "4h30 du mat... faut se lever. J'ai un peu plus de 3 heures de route pour rejoindre Marseille. Et aujourd'hui, c'est GUARANI!!! Cette épave, nous devions la plonger en novembre dernier mais la météo et les circonstances nous ont obligés à reporter par 5 fois son exploration... Cette fois c'est la bonne: la météo est enfin clémente, le bateau et son pilote nous attendent... la veille j'ai fabriqué mes mélanges comme un grand, au fond de mon garage, imprimé et plastifié les run-time de secours pour 15 ou 17' à 87m: Mélange fond Tx 15/50 dans un bi 12, une S80 de triox 25/30 en "travel", une S80 de Nx 40, et enfin de l'O² pur dans une 7 l. Tout est analysé, étiqueté, et gréé. La gueuse de 100m, la ligne de déco de secours, les bouées, l'O²/bavu/trousse secours, les 6 blocs, combi étanche, sacs... bref le coffre est plein et pourtant je roule seul!!! Un des charmes de la plongée tek!

 

 

   Je retrouve mes pots de "l'équipe Trimix Bulles de rêves", qui ont organisé cette expé, à Marseille. Il est 8h30, le semi-rigide de 7,50m nous attend. On le charge d'une bonne 40aine de bouteilles (pas mal pour 6 plongeurs!!!) allant de 0,8 l (argon) au bi 18 de15/50... Il fait super chaud et pourtant j'ai choisi de mettre la grosse "moumoutte" d'hiver sous mon étanche, les autres me regardent goguenards, un rien moqueur... et quelques "ça va? Pas trop chaud?" fusent... Eux ont choisi l'option "plus ligth"... Matos gréé, combi revêtue, purge pipi connectée, bateau chargé, gueuse prête, mer d'huile... c'est parti...

 

 

   La gueuse est larguée, l'écho sondeur est re-revérifié. Il décroche bien sur un fond de 87m. On équipe le premier binôme (Jean et Marc), bascule arrière... Puis suivent Daniel et Rémy... Marco et moi glissons à notre tour le long du bout. Les 3 premiers mètres sont une espèce de soupe verdâtre et  glauque, mais la visi revient plus bas. Pas beaucoup de lumière, mais visi correcte... Vers 30 m nous abandonnons le 25/30 (travel) pour le mélange fond (15/50): détendeur plus performant, plus d'hélium, le gain en confort respiratoire est immédiat et rassurant... c'est bien sombre au fond! Vers 80m j'aperçois en dessous, le bi blanc de Jean, des bulles et des halos lumineux. Petit à petit la vue s'adapte à la pénombre: le Guarani est bien là. Je me tourne vers Marco qui me fait signe que tout est OK. Il peaufine les réglages de son appareil photo... la visite peut commencer...

 

 

   La gueuse est posée à quelques mètres de la proue. L'épave est plus petite que je ne l'avais imaginé. Par contre elle grouille de vie: Deux énormes congres veillent "la vénérable carcasse". Jean se balade sur le gaillard avant, traînant un second étage d'un de ses 6 détendeurs sur la tôle. C'est alors que le plus gros des deux congres sort de son refuge pour aller mordiller le détendeur! Une peu comme un chaton curieux...Ah, la "gueule" du chaton!!! Mais le jeu n'est pas fini, et le congre poursuit sa "baballe" sur toute la largeur de l'épave essayant d'y planter un croc de temps en temps... Je profite du spectacle et me dirige à mon tour vers l'arrière, la "bête", elle, regagne les entrailles du Guarani...

 

 

   La proue est assez effilée. Sur bâbord une double bite d'amarrage est encore à poste. Puis on tombe vite sur une grande écoutille qui permettait d'accéder à l'intérieur du navire. Elle se dresse fièrement, sur le gaillard avant, défiant le temps. En progressant vers l'arrière on remarque un sabord (hublot carré) encore intact et solidement fixé ( d'où sa présence encore à poste!) . Le verre armé de filaments métalliques est assez peu concrétionné. La cale principale est jonchée de débris en tout genre plus ou moins dissimulés sous une couche de sédiments volatiles. Mais on remarque en fond de cale l'affût d'un des deux postes de mitraillage avec un de ses volants de manœuvre. Après la cale se dresse un grand filet de pêche retenu par les tôles. Ses flotteurs en dressent une partie d'une bonne dizaine de mètres au dessus de l'épave, le faisant ressembler à un gros mât. La poupe à été détruite par l'explosion et des débris sont éparpillés sur le sable bien en arrière de l'épave. 

 

 

   Le temps passe, j'hésite à poursuivre mon exploration après la poupe pour inspecter les débris de bonne taille qui jonchent le sable. Marco est stabilisé au dessus de la proue et "shoote". Les condition de luminosité pour le photographe sont difficile, il y a très peu de lumière. Sans phare c'est la nuit noire. Je retourne donc vers l'avant. et vite Marco qui avait prévu 15' au fond me fait signe qu'il remonte. Je lui fais signe OK et traîne encore un peu sur l'épave. Nous n'avons pas les mêmes ordis; lui avait planifié 15' avec son Suunto HellO². Moi, 17' avec mon VR3. Nous avions convenu avant de descendre, que si les conditions étaient bonnes je quitterais le fond deux minutes après lui, nous devrions "sortir" en même temps. Je retraverse l'épave et retourne dans la cale... deux minutes plus tard j'empoigne à mon tour le filin de la gueuse et entame ma remontée. Je retrouve Marco vers 50m. L'eau est à 13°, il est transi de froid et tremble violemment. Il tente de me rassurer en me faisant un signe "OK" tremblotant. Quant à moi, avec mon sous-vêtement d'hiver je suis nickel!

 

 

Vers 45m je me prépare à changer de mélange pour respirer le 40% (MOD 30m). Je décroche le deuxième étage, délove le flexible et ouvre le robinet. Là, un "voyage" de bulles s'échappe du premier étage... Oh, oh... mauvaise surprise!!! Je connais le tarif, (pour l'avoir planifié sur mon run-time de secours avec perte de gaz) si je ne peux pas utiliser mon 40% c'est 30' de paliers supplémentaires... GRR!!! Je tente de resserrer le DIN du premier étage, il pivote de quelques mm: ré-ouverture du robinet... et... re bulles!!! Je me prépare psychologiquement à passer au plan B: démontage du détendeur du bloc de 25/30 pour le monter sur la S80 de Nx40. Puis tout d'un coup je percute: "et si je purgeais le deuxième étage, pour pouvoir revisser la connexion DIN du premier?" On apprend ça au N1!!! Je purge donc,  revisse le DIN, ré-ouvre le bloc... OK plus de fuite... ouf. Je jette un œil sur mon ordi ça fait bien 4' que je stagne à 45m et la DTR à pris 7'. Et moi qui avait planifié 2 minutes de plus que Marco au fond pour sortir  avec lui... c'est loupé Marco va m'attendre, désolé... cas de force majeure!!!

  

 

Je suis sur Nx 40 et comme convenu avec la surface nous lâchons la gueuse pour finir sous parachute et dévidoir. Tout le monde se retrouve aux derniers paliers. Jean a fait une grosse pelote avec les 100m de fil de son dévidoir... lui, fait du macramé et nous l'observons... c'est bien, ça distrait un peu et l'interminable dernier palier passe plus vite... et enfin à la 94éme minute l'ordi m'affiche la fin du palier de 4,5 sous O² pur... Marco, qui avait fini quelques minutes avant moi, est revigoré par la bonne température de l'eau près de la surface. Il m'attend patiemment... fin de la plongée. Le débrief se fera devant une bonne bière au resto du port.

 

 

Merci à la sympathique équipe trimix de Bulles de Rêve pour son invitation et l'organisation sans faille de cette belle plongée. Merci à la Bonne Mère pour l'état de la mer et la bonne météo... Merci à notre dévoué pilote qui a patienté près de 100' en surface et accepté 40 blocs et 6 "fondus d'épaves". Daniel, Rémy, Jean, Marc et Marco... merci encore et à la prochaine."

 

Franck Gentili      

 

R EPAVES-PASSION.COM, Juillet 2010

 

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